La Chine va pouvoir relancer ses célèbres routes de la Soie ! Après deux ans de recul économique, voilà Pékin sortie d'affaire. C'est en tout cas l'avis du FMI qui pronostique, grâce à la trêve commerciale signée avec les Etats-Unis, une hausse des échanges internationaux. C'est d'ailleurs sur cette annonce que s'est ouvert le Forum économique de Davos en Suisse, mardi dernier. En Europe où les Chinois ont déjà de nombreuses parts dans les ports et les autoroutes, les acteurs du transport ne cachent rien. Ni leurs espoirs, ni leurs craintes de voir le marché leur échapper. « Nos ports sont des entrées stratégiques dans un territoire, et pas des supermarchés ! », a lancé, en colère, une collègue de François Lambert qui dirige le syndicat des industriels de construction navale française. Deux mois après, il se souvient de la scène, mais insiste : oui il le sait, la Chine contrôle déjà 10% des capacités portuaires européennes dans 13 grands ports notamment en Grèce au Pirée, mais aussi en Espagne (Valence) et en Belgique (Zeebruges). Et s'il n'y avait que ça ! Aujourd'hui un paquebot chinois coûte 20% moins cher qu'un paquebot français. Halte à la concurrence déloyale ! Propriété intellectuelle, lois du commerce international... si les Européens n'arrivent pas à trancher et à s'harmoniser, nous dit cet ancien administrateur de la marine, nous allons droit vers la catastrophe. « J'ai rencontré mes collègues chinois, ils ne sont pas fermés au dialogue loin de là, mais c'est vrai, ils s'engouffrent dans nos failles ! En l'absence de mesures de protection de nos marchés navals, ils peuvent construire et acheter tout ce qu'ils veulent. La France toute seule n'est rien face au mastodonte chinois. Sans une coopération avec ses voisins européens pour bâtir de vrais remparts économiques, la France ne pourra pas grand-chose. Pourtant, l'Europe et particulièrement la France possède une vraie plus-value avec des paquebots construits avec de nouveaux matériaux et des carburants plus propres et respectueux de l'environnement. Nous avons un savoir-faire ancestral et nous risquons de le perdre si l'Europe ne se réveille pas pour imposer des règles claires en matière d'investissement dans tous les secteurs, du port à l'usine de construction des bateaux. Et il faut une réciprocité juste : les Chinois peuvent venir investir chez nous si nous nous pouvons aussi aller chez eux. » La mer, mais aussi la route et le chemin de fer ! Les Chinois ne s'en sont jamais cachés. Il y a trois ans, le premier train reliant la Chine à l'Angleterre est entré à Londres. Pour Pékin, le siècle à venir sera le siècle de nouvelles voies vers l'Europe et l'Afrique. Les Chinois vont très vite. Et à entendre les meilleurs spécialistes de l'Asie, qu'il s'agisse de l'Azerbaïdjan, de la Pologne, du Montenegro, ils ont rénové et déjà construit d'importantes infrastructures. Mais faut-il pour autant parler d'une invasion chinoise ? Non, nous dit Jean-Raphaël Chaponnière, spécialiste de l'économie asiatique, qui en a un peu assez d'entendre toutes ces peurs et de ce vocabulaire guerrier : « Regardez tous les chiffres, sur les investissements de la Chine rachetant des entreprises dans le secteur des transports, la tendance est à la baisse. Bien entendu je ne dis pas qu'il ne faut pas être prudent surtout lorsqu'il s'agit de port donc la question de protection avec certains lieux stratégiques militaires ou de défense navale, mais pour le principal concerne le secteur marchand, civil. Alors quand on dit qu'en rachetant un port au Cameroun ou une autoroute au Montenegro, les Chinois endettent ces pays parce qu'ils empreinte [à la Chine] cet argent pour construire, et qu'ils les tiennent ensuite à la gorge, c'est vrai, mais exagéré parce que c'est aussi un donnant-donnant. Regardez avec le Venezuela : la Chine est devenue le principal créancier et avec le chaos social et les faillites économiques, les banques chinoises n'y gagnent pas du tout ! » En tout cas, en attendant de nouvelles règles sur les constructions d'infrastructures européennes, la Chine compte sur le réchauffement climatique et sur l'Islande ! Les contrats sont signés. Avec la fonte des glaces, Pékin aura droit de passage sur une nouvelle trajectoire nordique qui lui fera gagner 2000 km (en moins) à parcourir.
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