Oooooh ! Je sens que ce titre va m’attirer bon nombre de coups d’œil curieux ou intéressés Après tout, qui ne rêve pas de devenir un meilleur auteur ? Vous ? Vous pensez ne pas en avoir besoin ? Si c’est le cas, alors plus que n’importe quel autre, vous devriez lire ce qui suit. Dans le cas contraire, vous trouverez, je l’espère, des éléments pour vous ouvrir le chemin vers l’excellence.
L’écriture, comme les 99,99 % des autres disciplines artistiques, artisanales ou scientifiques, s’acquière et se développe via un processus d’apprentissage qui passe par la théorie et la pratique.
Que vous vouliez améliorer la structure de vos histoires, votre style, vos arcs narratifs, la psychologie de vos personnages ou encore (car cela en fait aussi partie) votre stratégie de communication et de e-marketing, vous n’aurez pas d’autre choix que d’apprendre de nouvelles techniques, de lire des livres, de suivre des formations, d’assister à des ateliers d’écriture, de pratiquer, bref… d’entrer en apprentissage pour devenir un meilleur auteur.
« Apprendre ! Apprendre ! Facile à dire, mais difficile à faire. C’est long et peu y arrivent. »
En effet, la route de l’apprentissage est longue et semé d’embûches. On croise quotidiennement ceux qui sont tombés dans ses pièges :
Ceux qui pensent être arrivés au bout du chemin, alors qu’ils sont toujours sur la ligne du départ.
Ceux qui abandonnent en cours de route, persuadés qu’ils sont nuls et qu’ils n’y arriveront jamais.
Ceux qui deviennent des ayatollahs du style, de l’architecture ou du jardinage et portent la bonne parole comme des prédicateurs sous cocaïne.
Enfin, la minorité, ceux qui finissent par toucher du doigt ce qu’ils étaient venus chercher : devenir un meilleur auteur.
Alors, comment éviter de devenir l’un des trois premiers et se donner toutes les chances pour faire partie des 4e ?
En reconnaissant les pièges qui se dressent sur votre route.
Les phases de l’apprentissage C’est la connaissance des différentes phases d’apprentissage qui vous permettra de savoir dans laquelle vous vous placez et quels sont les pièges inhérents à chaque phase, car sachez que : apprendre, c’est quelque chose qui s’apprend.
1 — Incompétent inconscient ou « Je ne sais pas que je ne sais rien » C’est ce que j’appelle la phase des « imbéciles heureux ». À ce stade, vous êtes comme le nouveau-né qui ignore qu’il ne sait pas parler. Vous ne savez pas que vous êtes incompétent et vous vous en fichez, car cela ne vous a pas posé de réels problèmes jusqu’à maintenant. Vous êtes heureux comme cela.
Cela ne signifie pas que vous ne saurez jamais faire. Vous avez le potentiel en vous pour apprendre à écrire une histoire ou pour développer votre style. C’est juste que vous ne considérez pas cela comme un frein, soit parce que l’idée d’écrire une histoire ne vous a jamais effleurée, soit parce que vous pensez déjà savoir comment faire (alors qu’en fait… heu… pas vraiment).
2 — Incompétent conscient ou « Je sais que je ne sais rien » Celle-ci fait généralement mal à l’ego. Une prise de conscience s’opère. Un événement, un enseignant vous a fait sortir de votre petite zone de confort bien douillette et vous vous réveillez :
« Merde alors ! Je ne sais pas faire en fait !!! »
À ce stade, une personne normalement constituée voudra réduire l’écart entre son ignorance et le savoir. Vous allez chercher un « maître » par le biais d’un professeur, d’un livre ou d’un blog.
Il s’agit de la phase dans laquelle vous vous heurterez à vos propres limites… et ce n’est pas quelque chose d’agréable.
3 — Compétent conscient ou « Je sais que je sais » Ici, vous êtes monté en compétence, mais vous êtes encore le jeune padawan qui a besoin de réfléchir avant d’agir.
Les gestes et la réflexion sont encore hésitants et très mécaniques.
Vous souvenez-vous de votre apprentissage pour passer le permis de conduire ? Vous saviez quand regarder dans le rétroviseur, comment passer les vitesses et faire un créneau… mais vous aviez besoin d’être pleinement concentré pour le faire, de réfléchir avant chaque action. Ce n’était pas naturel pour vous.
4 — Compétent inconscient ou « Je ne sais pas que je sais » À ce stade, vous êtes un chevalier Jedi et vous savez démonter et remonter un sabre laser les yeux bandés et les deux mains attachées dans le dos.
Pour reprendre l’exemple de la voiture (tout le monde n’est pas Jedi), vous avez maintenant votre permis depuis 2, 10, 15 ou 20 ans. Avez-vous toujours besoin de réfléchir avant d’appuyer sur l’embrayage pour changer une vitesse ? Non. Vous le faites machinalement. Sans y penser. Vous êtes compétent inconscient.
5. Le niveau de maîtrise Enfin, vous maîtrisez suffisamment la compétence pour l’appliquer comme vu ci-dessus, mais également son fonctionnement et pour communiquer à ce sujet, en d’autres termes à l’enseigner.
Les pièges de l’apprentissage Comme tous les apprentissages, celui pour devenir un meilleur auteur est un chemin parsemé d’embûches et de pièges en tout genre.
Les psychologues David Dunning et Justin Kruger ont nommé et schématisé le parcours de l’apprentissage dans cette courbe qui met en relation le niveau de nos compétences et la confiance que nous plaçons en elles :
1 — Le mont Stupide Une petite blagounette : Quelle est la différence entre discuter avec un imbécile et jouer aux échecs avec un pigeon ?
Aucune. Le pigeon va monter sur l’échiquier, bouger les pièces n’importe comment, les faire tomber de la table et partir la tête haute, comme s’il avait gagné.
Cette blague est une très bonne métaphore de ce qu’on appelle l’effet Dunning-Kruger. Il s’agit d’un biais cognitif par lequel les personnes qui ne disposent pas des connaissances nécessaires pour juger de leurs compétences surévaluent ces compétences dans une illusion de supériorité. Cette étape s’accompagne généralement d’une couche de déni dont l’épaisseur fait la taille du Texas.
Pour faire simple et direct : si vous n’avez jamais lu un livre traitant d’écriture, assistez à des cours ou participez à des ateliers d’écriture, mais que vous vous prenez pour l’une des sœurs Brontë, vous êtes en haut du mont Stupide.
« L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance » Charles Darwin
Personnellement, j’appelle cela le syndrome du « J’ai toujours eu un talent pour l’écriture ». Comme si une fée s’était penchée sur leur berceau et avait fait valser sa baguette en disant « Tu seras un(e) grand(e) écrivain(e) et tu n’auras pas à faire d’effort pour cela. »
Merci de laisser la magie dans les romans de Fantasy svp.
Ceci dit, je ne veux pas être trop dur avec ces personnes. Car ce n’est pas de la bêtise, mais de l’ignorance. Or nous sommes tous passés par là. Nous avons tous été inconscients de l’énormité de notre ignorance. Ce qui fait la différence entre ceux qui restent en haut du mont Stupide et ceux qui en descendent, c’est la volonté d’en partir ou l’entêtement à vouloir y rester.
L’ignorance est une zone de confort et on a parfois besoin d’une petite poussée pour en sortir et dégringoler la pente pour arriver dans…
2 — La Vallée du désespoir « Mont Stupide », « Vallée du désespoir »… Je sais que tout cela fait un peu Tolkien, mais ce sont bien les termes utilisés par Dunning et Kruger. Je n’ai rien inventé.
Vous vous pensiez bien à l’abri dans votre illusion de supériorité, puis quelqu’un (ou quelque chose) vous pousse du haut du mont Stupide et vous vous écrasez comme une bouse, cinq cents mètres plus bas. Votre illusion vole en éclat et vous réalisez que vous n’êtes pas celui que vous pensiez être.
C’est l’étape correspondant à la phase de l’incompétence consciente. À ce stade, nous réalisons l’étendue de notre ignorance. Nous avons le sentiment d’être au degré zéro de notre art, inepte, sans consistance et sans espoir. Cela fait mal. Très mal, mais il faut savoir l’encaisser.
C’est là que tant de personnes abandonnent, anéanties par le retour à la réalité et découragées par la masse de travail à accomplir. Deux chemins s’offrent à nous :
La voie de l’abandon Il peut concerner l’apprentissage en lui-même. On s’enferme alors dans nos vieilles habitudes tout en justifiant notre choix par des sentences péremptoires « Je perds en fluidité », « De toute façon, il n’y a pas de règles », « Ce que je fais sonne faux quand j’utilise cette technique », etc.
On continue d’écrire, certes, mais sans devenir un meilleur auteur.
L’abandon peut également toucher la discipline elle-même. Un arrêt pur et simple de l’écriture, car on ne veut pas rendre de production médiocre (on sait qu’on ne sait pas), mais on n’a pas non plus le courage ou la volonté d’aller de l’avant.
La voie de la persévérance Ravaler son ego, sa fierté, devenir humble et travailler pour devenir un meilleur auteur.
Comme d’habitude tout est entre vos mains. C’est vous qui décidez d’abandonner. C’est vous qui décidez de continuer.
3 — La pente de l’illumination Autant vous le dire, cette pente ; je n’aimerais pas la faire en vélo. La grimper est aussi difficile que de boucler le tour de France sans un petit remontant qui ne se voit pas quand on fait pipi. Ça grimpe sévère et ça grimpe longtemps. Dur de tenir la distance.
Votre carburant : la motivation
Votre carburant principal reste la motivation, mais c’est une ressource dont le cours varie autant que celui du pétrole. Un jour boosté à bloc, le lendemain avec le moral dans les chaussettes, vous avez tout intérêt à utiliser des trucs et des astuces pour que votre motivation soit un tapi de braises et non un feu de paille. En voici deux :
– Les habitudes — l’homme est un animal qui aime les habitudes. Elles le réconfortent, le sécurisent et lui permettent de progresser en douceur. « Écrivez tous les jours » est un conseil que l’on voit souvent sur les blogs et livres traitant d’écriture, et il est vrai. Il vaut mieux écrire 10 minutes chaque jour toute une semaine plutôt qu’une heure le dimanche. La régularité est une des clés du succès.
(Lisez l’article : Comment trouver le temps pour écrire)
– La segmentation — c’est un des trois conseils que je donnerais à mon meilleur ami s’il voulait écrire un livre (Lisez l’article : 60 conseils pour un auteur indépendant). Si la somme de travail vous effraie, alors découpez-la en autant de petits objectifs moins effrayants… et célébrez la réussite de chacun d’eux.
Un autre effet pervers : l’extrémisme.
Vous avez sauté du haut du Mont Stupide, survécu à la vallée du désespoir, et vous gravissez la pente de l’illumination grâce à UNE méthode. Cette méthode, que vous l’ayez trouvée dans un livre ou que vous l’ayez vous-même inventée est LA méthode qui vous manquait pour améliorer votre style, structurer vos histoires ou vendre vos livres. Quand vous l’avez découverte, vous avez vécu une révélation. Une épiphanie. Elle a eu sur vous un impact émotionnel incroyable… et vous ne jurez que par elle.
Enivrés par cet apprentissage, fiers et enorgueillis par ces nouvelles compétences, certains deviennent des intégristes de cette méthode. Ils rejettent toutes visions qui s’en écartent et condamnent ceux qui ne suivent pas leur exemple.
Non seulement cette dérive vous privera d’évoluer vers de meilleures compétences, mais en plus elle peut vous fermer de nombreuses portes. La plupart des gens n’aiment pas les intégristes.
Vous avez trouvé la méthode qui vous convient ? Magnifique. Mais ne vous enfermez pas dedans. Gardez l’esprit ouvert et poursuivez votre apprentissage. Il n’est pas terminé.
4 — Le plateau de durabilité Ici, vous ne savez pas que vous savez. Inconscient compétent, vous écrivez naturellement avec style et méthode. Cela vous demande toujours du travail, bien sûr, mais pas autant qu’avant. Ça a l’air merveilleux n’est-ce pas ? Oui, mais ce n’est pas sans danger.
Vous vous souvenez du pigeon qui croit savoir jouer aux échecs ? Qui l’a invité à jouer sinon quelqu’un qui connaît le jeu ? Une personne compétente, mais qui sous-estime ses compétences en pensant ne pas valoir mieux qu’un pigeon pour adversaire.
C’est le double effet Kiss Cool de l’effet de Dunning-Kruger. Les compétences acquises sont devenues si naturelles, si simples à mettre en œuvre que l’on finit par croire que tout le monde les maîtrise et sous-estimer ce qui nous a pris tant de temps à apprendre. C’est pourquoi bon nombre d’auteurs excellentissimes souffrent du syndrome de l’imposteur.
Enfin, et c’est sans doute le plus important, n’oubliez pas que le voyage est plus important que la destination. Il n’y a pas de ligne d’arrivée et aucune clochette d’or ne tintera à vos oreilles pour vous signifier que vous avez fini par devenir un meilleur auteur. La perfection étant un mythe, c’est un objectif qui reculera à mesure que vous avancerez.
(Lisez l’article : Comment se débarrasser du perfectionnisme)
Le processus est infini. Il se compose d’une accumulation d’expériences, de réussites et (surtout) d’échecs. Chacun d’eux fera de vous quelqu’un de meilleur. Cela se passe en ce moment même, alors que vous vous instruisez en lisant cet article. Alors, ne lâchez rien.
À titre personnel, je suis, depuis quelque temps déjà, en pleine ascension de la pente de l’illumination. Le début du plateau est loin… très loin devant. Mon style a besoin de s’enrichir, je dois mieux rythmer mes textes et améliorer le référencement de mon site. Il me reste beaucoup de routes à faire avant de devenir un meilleur auteur. Mais pas de panique, j’y travaille.
Et vous?? Où en êtes-vous dans le processus d’apprentissage ? Est-ce que vous profitez de la vue du haut du mont Stupide ? Êtes-vous démoralisé dans la vallée du désespoir ? Ou grimpez-vous, en danseuse, la pente de l’illumination ? Quel chemin vous reste-t-il à parcourir ?
Dites-le-moi dans les commentaires.
Image par Thanks for your Like • donations welcome de Pixabay
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