« C’est une situation catastrophique », dit Pulchérie Djeni, présidente de l’Association africaine des professionnels de l’industrie de l’événementiel (AAPIE, créée en janvier 2019 à Abidjan et comptant pour l’instant beaucoup de membres seulement dans les pays francophones). Elle évoque un secteur sinistré. « Aujourd’hui plus de 95 % des entreprises sont fermés. 95 % des événements sont annulés. Nous avons des reports de manifestations, mais sans nouvelles dates. Donc, nous ne sommes pas sûrs que les gens puissent les maintenir et ça représente 2 à 3 % », craint-elle. Parmi les entreprises dont les activités sont à l’arrêt, D&Z Consulting, basée à Abidjan et qui possède une imprimerie. « Nos clients, que ce soit des clients au niveau de la Côte d’Ivoire ou dans les autres pays africains ne peuvent pas répondre sur les dates auxquelles ils voudraient commencer leurs campagnes, même si celles-ci ont été peut-être validées. Du coup, aujourd’hui en ce qui concerne mon entreprise, nous ne travaillons pas », constate Isabelle Boblai, sa directrice. Le préjudice pour D&Z Consulting pourrait aller jusqu’à 80 % du chiffre d’affaires. Isabelle Boblai explique : « Au niveau de l’imprimerie par exemple, nous avons acheté toutes les matières premières : le papier, les tee-shirts, et le nécessaire pour les impressions. Mais tout est immobilisé, nous ne pouvons pas faire d’impressions parce que tous les événements sont annulés. » Le chômage technique généralisé, sauf pour le secteur informel Si l’industrie de l’événementiel en Afrique est constituée de sociétés structurées, elle fait recours aussi au secteur informel. Et depuis que le nouveau coronavirus s’est largement propagé hors de Chine, selon Pulchérie Djeni, rien qu’en Côte d’Ivoire. « Prêt d’un million d’emplois indirects sont aujourd’hui au chômage et c’est plus 500 000 emplois qui sont menacés après la pandémie, si rien n’est fait au niveau de l’État. » Plusieurs gouvernements africains, notamment en Côte d’Ivoire, ont déjà annoncé des plans de sauvetage des entreprises, qui ne seront sans doute suffisants pour éviter quelques faillites. Autre secteur qui a des liens avec l’événementiel et touché par l’annulation des rassemblements, c’est celui de l’hôtellerie d’affaires. À Cotonou, Dine Bouraïma, PDG de Benin Royal Hotel, dont une partie des recettes provient de ses deux restaurants et de la location des salles de conférence, espère que la pandémie du covid-19 ne durera pas longtemps. « Nous avons eu beaucoup d’annulations de réservations de séminaires. Au niveau du personnel que nous avons actuellement, nous avons été obligés de demander d’anticiper les congés pour ceux qui prévoyaient d’en prendre à court terme. Nous sommes également en train de négocier avec certains pour les mettre en chômage technique. » Si la crise du coronavirus se prolonge, plusieurs entreprises de l’événementiel risquent de fermer, surtout celles qui fonctionnent avec des contrats au coup par coup.
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