Quand Léopold II obtient que l’actuelle RDC devienne sa propriété personnelle, il s’était engagé à ce que ses immenses ressources soient accessibles aux autres grandes puissances. Et depuis, ce pays n’a jamais cessé de faire l’objet de toutes les convoitises. « Le Congo a toujours eu le malheur d’avoir des ressources qui intéressaient les marchés internationaux », explique Benoit Henriet, professeur d’histoire contemporaine à l’Univers Vrije de Bruxelles. « Ça a commencé avec les esclaves à la période de l’esclavage. Il y a ensuite l’Ivoire, le caoutchouc, le cuivre, l’uranium, l’or, les diamants, le coltan, l’huile de palme… Donc tous les produits qui, à un moment ou à un autre, ont pris de l’importance sur les marchés internationaux se trouvent au Congo, ce qui attire aussi les convoitises du capitalisme international. » Sortir de l’économie coloniale Le nouveau code minier promulgué en 2018 devait changer le paradigme et permettre à l’Etat congolais d’avoir une marge plus importante de négociations vis-à-vis des entreprises étrangères, notamment sur les ressources dites stratégiques. Mais jusqu’ici, il n’a pas permis de changer la structure économique du pays. Les ressources minières représentent jusqu’à 90% des exportations du Congo, dont près de la moitié à destination de la Chine, mais à peine plus de 30% de son produit intérieur brut et de ses recettes fiscales. « La structure de l’économie est la même qu’à l’époque coloniale au Congo, c’est ça qu’il faut changer », explique Jean-Pierre Okenda, expert congolais du secteur minier. « Qu’on arrive à extraire les matières premières, qu’on les transforme au niveau du pays, ça y ajoute de la valeur ajoutée. Sans ça, on ne sortira pas de ce paradigme ». Pour Jean-Pierre Okenda, il est crucial que le Congo cesse de tout importer, il faut produire localement ce qui est nécessaire pour l’extraction, mais aussi la transformation de ces ressources. « Il faut faire en sorte que des biens et des services qui sont requis pour permettre le développement de cette industrie soit produit au Congo. On a besoin d’intrants, comme de l’acide ou même de nourrir les employés. Il faut arrêter de tout importer jusqu’au blé et au maïs ». Où va l’argent du Congo ? Pour la plateforme de la société civile, le Congo n’est pas à vendre, le plus grave, c’est que 60 ans après l’indépendance, les richesses et actifs du pays continuent de disparaître au même rythme et au profit de sociétés écran basées dans des paradis fiscaux. « Aujourd’hui, nous ne savons pas où part la richesse du Congo et qui en profite. Soixante ans après l’indépendance, le peuple reste le dindon de la farce », s’indigne Jean-Claude Mputu est le porte-parole de cette plateforme. « Il est plus que temps de lutter contre cette corruption des élites et que les actifs de l’Etat puissent améliorer le bien-être de la population ». En ce soixantième anniversaire, la société civile presse le président Tshisekedi d’enquêter sur la dilapidation des actifs des sociétés de l’Etat. Le Congo n’est pas à vendre va même jusqu’à réclamer la mise en place d’un registre des bénéficiaires réels pour savoir enfin entre quelles mains disparaissent les ressources du pays.
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