Nous sommes à l'automne 1918, dans la région de Reims où se livrent les derniers combats. Giuseppe Ungaretti, un jeune poète italien, détaché sur le front français, monte à Paris pour collaborer à la rédaction d'un journal destiné aux troupes. Lorsqu'il se souvient de ces instants, des années plus tard, il écrit : « ... c'est le moment que j'avais choisi pour apporter à Apollinaire les cigares toscans qu'il m'avait demandés. Dans les rues, et sous les fenêtres du poète, à Saint-Germain-des-Prés, la foule déchaînée scandait en hurlant: « À mort Guillaume », à l'adresse, bien entendu, du Kaiser... Dès que je fus arrivé chez Apollinaire, sa femme et sa mère, accablées, m'introduisirent dans sa chambre, il était couché sur le lit, le visage couvert d'une étoffe parce qu'il s'altérait déjà, le paquet de cigares me tomba des mains, en bas on criait toujours: « À mort Guillaume ». L'équivoque de ces cris était atroce. Au-dessus du lit était accroché le tableau que lui avait offert Picasso quelques semaines auparavant, pour son mariage. » (Extrait de « Raisons d'aimer Breton », Innocence et mémoire, Paris, Gallimard, 1969). Guillaume Apollinaire, écrivain-précurseur, journaliste à scandale, buveur, fort en gueule, traine-misère et complexé par sa laideur, Guillaume Apollinaire est mort à trente huit ans, le 9 novembre 1918. Invité : Jean-Claude Idée, auteur et metteur en scène 13h45 : SERIE MON GRAND PÈRE CE HEROS : Adrien de Gerlache Adrien de Gerlache, l'un des plus grands explorateurs de l'histoire de Belgique est raconté par son petit-fils, Bernard de Gerlache Une séquence réalisée par Christine Massuy et André Remy
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